La célébration de

Marthe Vézina Née Renault

20 décembre 1923 -  3 septembre 2020

À Montréal le 3 septembre 2020 est décédée madame Marthe Vézina, née Renault, épouse de feu Claude Vézina, à l’âge de 96 ans. Elle laisse dans le deuil ses trois enfants, Suzanne Thibaudeau, Georges Thibaudeau (feu Lyne Claveau) et Claude Thibaudeau (Lysane Chamberland), ainsi que ses deux petites filles Pascale Thibaudeau (Neil Saran) et Gabrielle Thibaudeau (André Généreux). Elle avait également trois arrière-petits-fils, Nicolas, Charles et Henri, le soleil de ses quatre dernières années.
Dans le contexte de la pandémie, la cérémonie funéraire se limitera à la famille immédiate. Toutefois, les circonstances sanitaires le permettant, une réception commémorative sera organisée à l’occasion du premier anniversaire de son décès, à l’intention des parents et amis.

D’ici là, la famille vous invite à faire une visite funéraire virtuelle. Vous aurez l’occasion d’y visionner un photomontage et de lire l’hommage qui lui sera rendu. Il sera aussi possible de rédiger un témoignage et de faire un don à la Société Alzheimer de Montréal.

La famille tient à remercier le CLSC de Verdun dont les services attentionnés ont permis le maintien à domicile de madame Vézina Elle veut aussi exprimer son extrême reconnaissance à madame Lorraine Hébert, dont la générosité et l’engagement ont grandement adouci ses derniers mois.

Livre d'or 

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Michel Jacques (Neveu)

Entré 10 septembre 2020 de Montreal

Suzanne, Georges, Claude, c’est avec beaucoup de tristesse que j’ai appris le décès de « Martante ». Il me restera toujours l’image de la joie Intense qui venait avec chacune de ses visites sur la rue Corrigan. Quelle belle tante elle était, toujours joyeuse, rieuse, de bonne humeur... Je prends un petit Martini et quelques bouchées de pâté de foie gras à sa mémoire. Élise et moi sommes avec vous de tout coeur.

Marie-Hélène Houle (Ex-collègue...)

Entré 13 septembre 2020 de Brossard

À Suzanne,

Mes condoléances les plus sincères...le départ d’une mère se veut toujours d’une grande tristesse et ce malgré l’âge avancé.
Courage....et espoir...
Mes salutations les plus sincères...

Marie-Hélène Houle
Ex-collègue du Chaînon

Lise et Michel Brunet (Amis)

Entré 13 septembre 2020 de Laval

Nos sincères condoléances à la famille, que nous voyons moins souvent mais à laquelle nous pensons fréquemment.

Monique Lasnier (collègue de travail)

Entré 13 septembre 2020 de Lennoxville

Mes plus sincères condoléances mon cher Claude.

Anne Thibaudeau (Lointaine parenté de tous les côtés)

Entré 13 septembre 2020 de Ile-des-Soeurs

Elle est partie dans le temps des perdrix.
Pour ma mère, il n’y avait pas meilleure cuisinière. De façon discrète, sans avoir l’air d’insister, elle me demandait si je ne connaîtrais pas quelqu’un qui chasserait la perdrix. Elle le faisait en chœur avec tante Louise pour qui acheter de la perdrix à l’automne avait fait partie d’un rituel annuel, source de grand plaisir. Une année, mon mari en a reçu en cadeau d’un collègue de travail. Il allait de soi que nous ne pouvions pas les servir à d’autres personnes que tante Louise et « Tante » Marthe. Ce fut une très belle soirée.
J’ai toujours eu de la difficulté à l’appeler autrement que « tante » Marthe. C’était une belle personne , d’une force de caractère exceptionnelle. Elle nous manquera à tous.
Mes condoléances.

Histoires de vie 

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Suzanne Thibaudeau 

Entré 19 septembre 2020

Marthe, maman pour les auteurs de ces quelques lignes, nous a quittés après une longue vie bien remplie. Une personne profondément humble et sans prétention, elle trouvait son bonheur à faire celui de son entourage, à se préoccuper des autres plus que d’elle-même. Mais aussi, une femme de courage et de détermination dans les moments difficiles, elle a su transformer sa vie et réussir là où rien ne la préparait.
Son dernier accomplissement pour elle-même aura été de vivre chez elle, dans son appartement, dans ses affaires, jusqu’à la fin, malgré ses facultés qui faiblissaient. Les derniers mois lui ont pesé lourd en raison de la solitude que lui imposait cette pandémie de coronavirus, et c’est peut-être cela qui aura finalement eu raison d’elle.
Maman était née et a grandi dans la petite ville de Beauceville, dans la vallée de la Chaudière, cadette d’une famille de cinq enfants. Ceux qui l’ont connue à l’époque n’auraient probablement pas pu prévoir qu’elle aurait une vie si longue et remplie. Enfant, elle était frêle et fragile. Elle aura fait ses études primaires à l’école locale puis aura été envoyée en pensionnat à Québec pour ses études secondaires. Mais cela était trop pour elle et ses maladies la forceront à interrompre ses études.
La vie familiale à Beauceville était paisible. Toute petite, maman était la seule enfant à la maison pendant la journée. Suzanne, sa plus jeune sœur, était son aînée de quatre ans et allait déjà à l’école. Maman aimait cependant avoir de la compagnie et, avec un peu d’imagination, on peut toujours s’en créer. Maman passait donc beaucoup de temps à jouer et à jaser avec ses amis, monsieur Jalard et madame Jadour. Elle aimait bien leur servir le thé tout en leur racontant ses aventures de voyage à Québec, dont le clou était la partie maritime sur la traverse de Lévis.
Mais lorsque Suzanne était dans les parages, elle prenait bien au sérieux son rôle de grande sœur. Alors maman n’avait qu’à bien se tenir. Comme lorsque Suzanne entreprit de lui montrer à faire de la bicyclette. Elle avait jugé qu’il serait plus facile de faire ça dans la côte qui descendait le long du terrain vers la rue principale longeant la rivière. Elle avait raison. Maman parvint vite à garder l’équilibre en prenant de la vitesse dans la côte. Mais il y avait un problème. La rue principale était achalandée et maman s’en approchait vite. Suzanne avait oublié un détail : montrer à maman comment freiner… La petite Marthe trouva le moyen de s’arrêter en se projetant sur la chaussée, quitte à y laisser pas mal de peau.
Serait-ce pour commémorer cet exploit que cette fameuse rue principale a plus tard été rebaptisée le boulevard Renault ?
Sans doute que non, mais maman annonçait déjà comment elle allait être toute sa vie : dans l’adversité ou les moments et situations difficiles, toujours prendre la décision qui est la bonne, même si c’est dur et si ça fait mal.
Maman entreprend sa vie d’adulte dans la période d’après-guerre. Tout ce qu’il y a de plus conventionnel dans la société de l’époque. En 1947, à 24 ans, elle prend mari et les enfants viennent aussitôt. Pendant les deux décennies suivantes, elle allait sans relâche tout donner pour le bien-être de la famille. Impossible pour nous de nous rappeler d’un repas bâclé. Ils étaient toujours faits d’aliments frais, toujours suivis d’un de ses inoubliables desserts, dont le fameux gâteau au chocolat qui a fait sa renommée chez les cousins et amis au point d’être baptisé le gâteau de ma tante Marthe.
Il lui est tout-de-même arrivé de céder à la tentation de se procurer un produit préparé, en l’occurrence, une conserve sous pression de crème fouettée Dream Whip. Petite gaucherie, cependant, maman ne trouvait pas le moyen de faire sortir cette fichue crème. Elle retournait le contenant et trouva finalement le truc, alors que le jet ne pointait pas vers son assiette mais plutôt en direction du visage de Claude. Que c’était abondant et puissant, ce jet, lorsque le contenant était plein. Nous avons tous bien ri, sauf le pauvre petit Claude qui n’avait pas toujours le sens de l’humour à l’époque, à force d’être le souffre-douleur des deux plus vieux.
Finalement, maman a goûté à ce produit et le diktat n’a pas tardé : « Non, ce n’est pas de la vraie crème. » Et jamais plus n’avons-nous vu de concoction semblable à la maison. Chose certaine, ce n’est pas Claude qui s’en est plaint.
Avec tout cela, maman était une gestionnaire organisée et méticuleuse. « Pas de gaspille », disait-elle souvent. Aux repas, les portions étaient abondantes mais raisonnables, mais il fallait finir son assiette. « Pense aux pauvres qui n’ont rien à manger. »
Elle suivait ses dépenses de près. « Mon Dieu, c’est terrible ce que les prix augmentent, mon marché de la semaine chez Steinberg est rendu qu’il coûte plus de 20 $ ! », ou encore, « Incroyable, le steak de surlong est rendu à 1 $ la livre ! ».
Maman ne ménageait d’ailleurs pas son temps lorsqu’il s’agissait de ne rien perdre des aliments achetés. Le délicieux rôti de veau du dimanche devenait un non moins délectable hachis de veau du mardi, puis nous raffolions aussi des pâtés chinois, pâtés au poulet et tant d’autres.
Pendant toutes ces années, maman ne prenait pour ainsi dire jamais de véritables vacances. Quelques très courts et rares voyages, comme cette semaine de Pâques 1961 à New York d’où elle est revenue pour trouver un des enfants atteint de jaunisse, comme on appelait souvent l’hépatite à cette époque. Mais maman ne se plaignait jamais. Tout se faisait dans la bonne humeur.
Autre trait de caractère chez maman, elle ne cherchait jamais à imposer ses vues sur ce que les enfants devaient être, jamais de grands sermons, de remontrances. C’est par de toutes petites choses qu’elle nous aidait à devenir autonomes et débrouillards, dès le plus jeune âge, d’ailleurs.
Ainsi, lorsque nous commencions notre première année d’école, elle nous apprenait d’avance le chemin à suivre pour nous y rendre et nous faisait visiter l’école. Elle ne voulait pas nous accompagner comme cela se faisait généralement. Quand on fait cela, expliquait-elle, les enfants se mettent à brailler lorsqu’ils voient leur mère repartir. Ça fait des scènes pour rien. La recette était bonne. Lorsque le moment de cette séance de pleurnichage venait, nous étions si fiers de ne pas en être partie. Nous étions déjà des grands, à nos yeux !
Et toujours à propos des études, sans presque rien dire, elle nous faisait comprendre l’importance de l’instruction. Ainsi, jamais elle n’aurait même suggéré de choisir une profession ou une autre, nous pouvions faire ce que nous voulions. Mais nous tenions comme acquis qu’il n’y avait qu’un chemin à suivre. L’instruction comprenait le primaire, le cours classique puis l’université. Voilà. C’était comme ça, même si on ne nous l’a jamais dit directement.
C’est justement alors que les deux plus vieux abordaient l’étape de l’université que la vie de maman fut chamboulée. Notre père fit une fuite en avant en direction des États-Unis, la laissant seule. Maman ne s’est jamais montrée désarçonnée par ce coup dur. À 45 ans, elle allait pour la première fois de sa vie aborder le marché du travail, avec comme seule expérience d’avoir œuvré avant son mariage dans le magasin à rayons de son père.
Un premier emploi des plus ennuyants à tenir des registres dans un cabinet privé de notaires, on aurait dit que maman effectuait ces tâches avec enthousiasme tellement elle voulait bien faire. Peu après, elle devient vendeuse au département des dames du magasin Ogilvy’s. Maman avait du goût et savait bien s’habiller, mais elle n’était pas une mordue de la mode. Et son anglais, disons-le, n’avait rien de ressemblant avec ce que l’on entendrait à Buckingham Palace. Qu’à cela ne tienne ! Maman ne sera simple vendeuse que pour une courte période. Bientôt, elle sera promue assistante de la gérante, puis gérante du département.
Rien n’avait préparé maman à une pareille aventure. Gérer le personnel, faire des budgets, suivre les chiffres de vente et les dépenses, et gérer les achats du département.
Elle qui n’avait jamais vraiment voyagé, on la voit partir deux fois par année faire les achats à Florence ou Milan, à Paris et à Londres.
Les succès connus dans cette entreprise témoignent de ce qu’elle était véritablement. Elle ne se vantait jamais de quoique ce soit, elle n’avait jamais eu la chance d’étudier comme elle l’aurait souhaité, mais elle avait cette volonté de tout faire bien et elle avait en elle les ressources, le jugement, l’intelligence et la ténacité pour y parvenir. On dirait qu’elle ne craignait aucun défi.
Mais dans toute cet épisode, un petit quelque chose devait manquer. À 50 ans, maman était encore une belle et terriblement élégante jeune femme. À l’âge où ses garçons en sont aujourd’hui, ils peuvent en parler d’autorité. Il devait se trouver des rôdeurs dans les parages. Quelqu’un qui était proche de la famille depuis toujours, un autre Beauceron, grand ami de Paul, le frère aîné de maman. Et qui se trouvait à aimer maman depuis bien avant son mariage, Claude Vézina puisqu’il faut l’appeler par son nom… (J’espère que le sieur Jean de la Fontaine nous pardonnera ce petit plagiat.) Les circonstances de sa vie l’avaient éloigné pendant un temps, et il était réapparu trop tard : maman était déjà mariée. Mais Claude n’allait pas rater sa chance une seconde fois.
La proie n’était pas totalement docile, cependant. Quelle qu’en soit la raison, maman n’était pas prête à se commettre, selon ce qu’elle disait. Voyait-elle cela comme une marque d’infidélité à la famille à laquelle elle s’était tant donnée pendant 25 ans ? Cela ne serait guère surprenant. Mais heureusement, le chasseur était un expert et c’est lui qui a gagné. Maman devait d’ailleurs finalement avouer qu’elle aussi avait le béguin pour Claude depuis tout ce temps.
Mais avec Claude venait un nouveau changement de cap dans la vie de maman, qu’il ne serait pas exagéré de qualifier de radical. Claude travaillait depuis quelque temps pour un consortium de sociétés canadiennes ayant un contrat de gestion de construction substantiel en Algérie. Le moment approchait où il devait prendre résidence dans ce pays pour une période prolongée.
Voilà donc maman à 52 ans vivant de folles amours, quittant sa belle position chez Ogilvy’s, et quittant son pays pour le Maghreb ! Vous connaissez maintenant maman peut-être assez pour vous en douter, elle n’a pas eu à vivre de période d’adaptation dans ce pays où tout est pourtant si différent. Bien au contraire, elle a embrassé cette nouvelle vie avec passion.
Bien vite, on pouvait la retrouver aux bains maures; ou faire ses tournées des petits marchands de viandes et autres victuailles dont elle, la belle étrangère qui avait une si belle façon, était tout de suite devenue la cliente favorite; apprendre à faire la chorba, cet extraordinaire potage algérien fait à base de bouillon d’agneau; et quoi encore.
Mais il ne fallait pas s’arrêter là. Après trois belles années en Algérie, le moment était venu où Claude avait décidé de longue date de prendre sa retraite et de s’établir en Floride. Nous retrouvons donc maman et Claude aubergistes à Fort Lauderdale pendant quelques années, après y avoir acheté ce qu’on appelle là-bas un Apartment Hotel.
Et de là, comme si les jeunes amoureux avaient une soif insatiable de nouvelles aventures, ils vendent l’hôtel et déménagent à Bocaraton pour devenir commerçants de vins, charcuteries, fromages et produits fins. Pour ajouter un élément original à sa gamme de produits, maman eut l’idée de faire sa recette de foie gras et de tester la réaction de ses clients. Pauvre maman, ses initiatives avaient une forte tendance à marcher trop bien. Le foie gras fit un malheur au point où, de retour à la maison après sa journée de travail, elle devait se mettre à ses chaudrons pour faire une sinon deux recettes de foie gras, qui allaient bien sûr disparaître du comptoir dès le lendemain !
Avec tout cela, le temps passait et une certaine lassitude s’installait. Il fait beau en Floride, mais il manquait la famille, les amis, et le peu d’intérêt de cette société floridienne ne comblait pas vraiment ce vide. Claude s’en accommodait plutôt bien, mais maman, moins. Quelque chose devait arriver, et cette chose apparut le 2 octobre 1983 et prit le nom de Pascale. Maman était grand-mère pour la première fois. Dès lors, la vie en Floride prenait de plus en plus l’aspect d’un confinement pour cause de pandémie.
En mai 1984, maman passa une semaine à Montréal pour garder Pascale alors que les parents faisaient leur voyage de noces. Le lien était établi, maman, la mère aimante, était devenue la grand-mère aimante. Le retour en Floride fut pour elle un crève-cœur.
Les occasions de revoir sa petite-fille allaient se faire rares. En janvier 1985, ce fut Pascale qui entreprit son premier voyage pour visiter les grands parents à Bocaraton avec sa maman, pendant que papa établissait résidence temporaire à Ottawa pour s’amuser à y faire un procès à sa cible favorite, le gouvernement de l’endroit.
Ce qu’on en a entendu parler de ce séjour en Floride de la petite Pascale, et cette fois, Claude était aussi tombé sous le charme. Alea jacta est, aurait dit l’ami Jules. Le retour de maman à Montréal n’allait pas tarder
Merci Pascale, grâce à toi, nous avons tous retrouvé notre maman et grand-maman chérie près de nous pour de longues années. Gabrielle allait suivre et à vous deux, vous avez représenté une part dominante de son bonheur.
Et puis, les années filant si vite, les arrière-petits-enfants vinrent à leur tour combler son besoin de donner de l’amour. Nicolas, Charles, Henri, vous ne pouvez savoir à quel point vous êtes connus à l’Ambiance. Grand-maman avait toujours vos dernières photos avec elle et les montrait à tous ses amis. Elle était si fière de vous, et tout le monde vous trouvait si beaux !
Quel privilège avons-nous tous eu, d’une génération à l’autre, d’avoir eu Marthe dans notre vie. Habitués à elle comme nous l’étions, nous la considérions normale. Mais rappelons-nous que ce sont tante Louise, puis les cousins et amis qui, la voyant plus de l’extérieur, lui avaient donné le surnom de sainte Marthe !
Dans ses derniers moments de semi-conscience, Marthe appelait sa propre maman. Elle se sentait partir et elle s’inquiétait de ce que sa maman et son papa eux-mêmes s’inquiétaient de son état. Marthe resta Marthe jusqu’à la fin.
Très chère maman, nous t’aimons tant, tu resteras dans notre cœur aussi jusqu’à la fin.

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