Et oui, papa nous a quittés le 24 novembre dernier...
Qui était cet homme ?
Papa était un homme travaillant, dévoué, engagé dans sa communauté ; c’était sa façon à lui de nous démontrer son amour car il est de la génération que dire « je t’aime » ne se disait pas.
Tout jeune, il a eu de lourdes responsabilités. Étant l’ainé de 7 enfants, il a aidé sa mère, Oléna, à subvenir aux besoins de toute la famille car son père est décédé très jeune à l’âge de 39 ans. Il ne s’est jamais plaint, n’en n’a pas fait la publicité, il l’a tout simplement fait. Il voyait les besoins, il tentait de les combler.
Tout au long de sa vie, il a continué à prendre soin. J’ai souvenir lorsque moi-même enfant, je le voyais aller déposer un sac d’épicerie à une ou à l’autre et sans rien dire. Il frappait à la porte et laissait le sac de papier brun ou la boite de carton. Mais, pour pouvoir faire cela, il travaillait à « 3 jobs ». Papa était très croyant, il ne faisait pas qu’aller à l’Église, il faisait la vraie « charité » sans caméra, sans publicité.
Je n’ai pas vraiment de souvenirs d’aller en vacances avec mes parents car il me semble qu’il travaillait tout le temps ; mais j’ai un souvenir, peut-être à cause d’une photo ; une journée au Lac Huard avec son auto, son p’tit Morris et on avait dû être poussé pour monter la côte 😊.
Eh oui, il travaillait et il aimait son travail et il était fier de son travail et du travail bien fait, du premier coup svp 😉 ! Sa plus grande fierté a été lorsque la Gulf lui a demandé d’aller ouvrir la raffinerie au Japon. Il y est resté 6 mois à travailler 6 jours semaine, 12 heures par jour et parfois plus. Ça doit être pour ça qu’il nous est revenu malade. Mais il était fier de sa réussite, de leur réussite à cette belle gang de canadiens qui ont été montrés comment faire fonctionner une raffinerie.
Papa était un autodidacte. Il n’avait qu’une 5e année je crois. Il avait gagné un beau « Sacré-Cœur » pour sa réussite scolaire. Ce prix a toujours été sur sa commode. Plus tard, lorsque nous mes frères et moi étions étudiants, ma mère nous montrait les résultats d’examen que papa avait eu afin de nous motiver à étudier. Pour la modernisation de la raffinerie, il devait prendre des cours de maths, de chimie et de physique afin de faire fonctionner la patente... j’en ai vu des notes de 90%, 95% et je me souviens d’avoir vu un 99%. Pour moi qui n’étais pas forte en science, j’étais très fière de lui et je dois l’avouer, j’étais jalouse...
À sa retraite de la Gulf, il a continué à s’impliquer. Il a pris la relève de grand-maman à la tête de l’Âge d’Or de Sainte-Maria-Goretti, gardien au centre communautaire, bénévole à l’Hôpital Sainte-Germaine-Cousin pour ensuite s’occuper d’amasser d’importantes sommes d’argent avec les bingos afin de permettre des activités aux bénéficiaires de cet hôpital, il a aussi été bénévole à l’Hôpital Pierre-Le Gardeur pendant plusieurs années.
C’est seulement, ces dernières années qu’il a cessé toutes activités de bénévolat. Sans le savoir, c’était possiblement sa maladie qui faisait son œuvre et qui le fatiguait.
Il me disait souvent, je suis tellement fatigué. Je ne comprends pas.
Lorsque son cancer a été découvert, déjà au stade 4, le médecin ne voulait pas vraiment le traiter avec la chimio car il était déjà à 90 ans. Avec quelques larmes, il a convaincu Dre Lavoie-Gagnon de tenter quelques traitements de chimio afin de repousser la mort car il n’était pas prêt. Elle a accepté sous certaines conditions qu’il a acceptées. À cause de son entêtement, il a déjoué tous les pronostics. D’une espérance de vie de 4 à 6 mois, il a tenu le coup 20 mois. En mars 2022, ça aurait fait 2 ans qu’il avait eu son diagnostic.
Lors de sa dernière semaine à l’Hôpital-Le Gardeur, à de nombreuses reprises, il m’a dit Je suis prêt, je suis rendu au terminus. J’ai eu une bonne vie, une bonne famille, je suis fier de ma vie, je suis prêt !
Il est parti en paix.
Bon voyage papa.