In Celebration of

Pierre Marcotte

August 22, 1954 -  March 10, 2018

Le vrai Pierre Marcotte, comme il se définissait afin de se différencier de son célèbre homonyme, nous a quittés le samedi 10 mars 2018, tôt le matin, au CHUM.

Il laisse dans le deuil François Dégardin son conjoint, son père le Dr. Yvan Marcotte, son frère François (Madeleine) et ses sœurs Marie (Michel), Céline (Chantal), Michelle et Suzanne (Abdou) ainsi que ses neveux et nièces. Il laisse aussi dans le deuil les cousins, cousines, oncles et tantes de la famille Marcotte et de la famille de feue sa mère St-Louis (Ruth St-Louis). De plus, il avait conquis le cœur de sa belle-famille, de l’autre côté de l’Atlantique.

La douleur est également vive pour ses nombreux amis. Pierre avait une personnalité attachante, apaisante, réfléchie, facétieuse, inattendue. Il a traversé de nombreuses épreuves, notamment médicales et s'est montré d'une combativité sidérante. Il est un symbole de courage et de résilience pour toute personne l'ayant côtoyé. Il n'a jamais cessé d'espérer et de rêver.

Nous invitons parents et amis à se joindre à nous au complexe funéraire Mont-Royal, 1297 Chemin de la forêt, Outremont, H2V 2P9 le dimanche 25 mars 2018 entre 11h30 et 15h30. Une collation sera servie entre 11h30 et 13h30 et nous lirons un texte vers 13h30. Nous envisageons de recueillir des témoignages célébrant Pierre pour en faire un recueil ensuite. Si vous souhaitez écrire un petit texte sur un événement insolite ou amusant vécu avec Pierre, ce sera reçu avec plaisir.

Nous ne pouvons passer sous silence la qualité des soins reçus à Notre-Dame, Hôtel-Dieu, CHUM, CLSC Jeanne-Mance, et suivi pulmonaire de l'hôpital Maisonneuve-Rosemont et tous ces autres lieux fréquentés par nécessité. Ce parcours dans le système de santé nous a permis de rencontrer de nombreuses personnes humaines, engagées, compatissantes, attentionnées et ce, dans toutes les catégories d'emploi. La maladie est cruelle mais la bienveillance et le professionnalisme du personnel a aidé à la rendre supportable. Si vous le souhaitez, vous pouvez faire un don à la Fondation du CHUM (Centre hospitalier de l’Université de Montréal) www.fondationduchum.com ou bien livrer des fleurs, à votre choix.

Il est mort paisiblement: "Une vague le souleva lentement. Elle venait de loin et poursuivait majestueusement son chemin, comme un haussement d'épaules de l'éternité".
(Arthur Koestler).

Guestbook 

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Jean-Philippe Rheault (amis)

Entered March 14, 2018 from Vancouver

De tout coeur avec toi François. Définitivement "la roche à Pierre" sur l'île aux Chèvres sera ainsi gravée dans notre mémoire à tout jamais, symbole de nos conversations et confidences, symbole d'une relation spéciale à cette île, symbole d'un autre chapitre de ta relation avec Pierre.

Michèle Marcotte (Frère)

Entered March 14, 2018 from Mont-Laurier

Bonne route mon frère
Tu es mon étoile auprès de maman
Tendrement
Michèle

Claire Johnson et Luc Beaulieu (Voisins)

Entered March 14, 2018 from Montréal

Pierre était un excellent voisin et membre de la coopérative. Dès son arrivée, il a su s intégrer au groupe et était toujours prêt à aider ou faire des petits travaux. Toujours disponible et souriant. Une bonne personne et tellement amical. Toujours attentif aux problèmes des autres et une bonne écoute. Nous vous offrons nos sincères condoléances et souhaitons qu il continue à vivre dans vos cœurs.
Famille, amis et conjoint, nous sommes tous privilégiés de l avoir connu et côtoyé.
Bon voyage dans l éternité et bon repos cher Pierre.

Serge Dugal (ami)

Entered March 15, 2018 from st-constant

Salut Pierre.

Ton souvenir restera à jamais dans ma mémoire. Quand l'on se rencontrait, tu étais toujours jovial et très amical.

Marie Élaine Roy (Amie)

Entered March 15, 2018 from Saint-Eustache

Pierre, tu es unique en ton genre et ton approche de la vie en a inspiré plus d'un. Toutes mes condoléances à François et à tes proches à qui tu vas énormément manquer.

Life Stories 

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François Dégardin (Conjoint)

Entered March 25, 2018 from Montréal

L’histoire que Pierre aimait à raconter disait qu’il était venu au monde dans un taxi, sur l’autoroute métropolitaine à Montréal, en route pour l’hôpital. Son père, jeune médecin, aurait pratiqué l’accouchement. C’était le dimanche 22 août 1954, ça on en est sûrs, et déjà pressé, déjà plein de vie, notre unique Pierre était né. Et il avait déjà une histoire pour nous, une parmi toutes ses histoires merveilleuses dont on ne savait jamais quelle était la part du réel et quelle était la part du rêve. Le monde se transformait dans ses yeux pour ressortir plus beau, plus grand, plus coloré, plus extraordinaire. Il racontait volontiers ses « rêves merveilleux » mais il a toujours fait l’impasse sur ses cauchemars. De ces derniers, on ne saurait rien mais des indices laissaient deviner qu’ils étaient parfois présents.

C’est bien connu que nous sommes tous uniques et que chacun d’entre nous apporte la richesse de sa différence à la communauté. Mais on pourrait dire à la blague que Pierre était plus différent que les autres. Une blague qui n’en est pas tout à fait une, Pierre avait du tempérament, de l’originalité, peut-être ce que l’on appelle une âme d’artiste. C’est à cet être unique que nous allons rendre hommage
aujourd’hui. Un être beaucoup plus complexe et plein de finesse que le premier abord pouvait laisser croire. Essayons donc de nous souvenir de ce qu’il avait de beau et d’inspirant car c’est particulièrement au moment de la perte d’un des nôtres qu’on voit mieux à quel point cette personne était si merveilleuse, si précieuse, si irremplaçable. C’est le moment d’enlever les petites aspérités et de
ne conserver dans nos cœurs que cette pierre polie, ce joyau : Pierre. Le joyeux Pierre.

Pierre tenait de son père cette retenue qui faisait qu’il ne se serait pas épanché publiquement sur ses sentiments profonds et pas beaucoup plus en privé. Donc pour le saisir, il ne fallait pas rater le moment où il allait lâcher une petite phrase pour immédiatement passer à autre chose, ou une blague. Il avait également le côté déterminé d’Yvan, cette force tranquille qui ne le ferait pas renoncer à son objectif, à son souhait, à son rêve, habituellement sans faire de vagues pourvu qu’on ne contrarie pas ce ruisseau qui suivait paisiblement son cours.

Il tenait de sa mère le côté rieur, la poésie, le sens esthétique, le goût de la propreté et surtout le déplacement permanent des meubles et des objets. C’est certain qu’il n’y avait pas de monotonie dans sa maison. Tout bougeait constamment, rien n’était jamais pareil, ce dont peuvent témoigner les gens qui ont habité avec lui, et qui savaient que si un aménagement ne leur plaisait pas trop, il suffisait d’attendre un jour ou deux et que ce serait rectifié.

Il a longtemps été, peut-être même l’était-il encore, un adepte de Maraji, qui semble avoir été une source de réflexion importante et une source de sérénité pour lui. Mais il n’en a pas dit plus. Il est évident cependant que les conférences de Maraji l’ont beaucoup aidé à se construire comme jeune homme et lui ont donné un réseau social qui demeure partiellement vivant après toutes ces années.

Ses grands-parents étaient encore très présents dans son esprit, et particulièrement mémère Marcotte qui avait vécu suffisamment longtemps pour développer une relation de complicité avec Pierre. Mémère Saint-Louis et Pierre ont eu également une relation privilégiée mais le départ hâtif de celle-ci a laissé moins de souvenirs. Il paraît cependant que mémère Saint-Louis était en amour avec son petit Pierre. Mais pour revenir à mémère Marcotte, bien que née au 19ème siècle, au temps des pionniers des Hautes-Laurentides, elle était encore dans nos conversations très fréquemment et dans nos expressions : « C’est donc bon du bon manger » et « On a donc un beau pays, hein, Pierre?» C’est ainsi que dans nos voyages, tous les pays étaient beaux et ils étaient toujours à nous. En famille, entre amis, il n’y avait pas une semaine où l’on ne riait pas avec mémère Marcotte. Pierre l’a rejointe ainsi que ses autres grands-parents et sa mère dans le royaume des esprits. Tâchons de reconnaître les plus belles qualités de tous ces gens et cultivons-les pour nous et pour nos suivants.

Le trait de caractère le plus marquant de Pierre était cette force, cette pulsion de vie si intense, cette capacité à rebondir. Aujourd’hui, on appelle ça la résilience.

Lorsque Pierre a perdu un œil, en 1992, il avait pour voisin de chambre à l’hôpital, un jeune de 20 ans qui suite au même phénomène de décollement de la rétine, avait perdu ses deux yeux. Pierre est rentré chez lui avec son seul œil, ce seul œil qui faisait toute la différence et il s’est estimé chanceux. Il se trouvait béni des Dieux. Dans la vie quotidienne, on oubliait complètement l’absence de l’œil, au point d’oublier de le mentionner lors des interrogatoires médicaux, jusqu’à ce que le médecin tente de vérifier le nerf optique.

Au cours des sept dernières années pendant lesquelles Pierre a collectionné les maladies graves et les pronostics sombres engendrant douleur, fatigue et inquiétude, il a constamment lutté, il n’a jamais renoncé à tenter de vivre encore un peu. Pendant tout ce temps, il s’inquiétait des autres et s’intéressait à eux et nous partagions un certain désarroi lorsque parfois dans les salles d’attente du service d’oncologie, on croisait des jeunes à peine adultes.

Finalement, lors de son ultime hospitalisation, quelques jours avant son décès, alors rendu à un niveau respiratoire catastrophique, il a déclaré avec un grand sourire et un apaisement évident : « Regarde François, quand je suis assis comme ça et que je ne fais rien, je suis bien, je respire bien. Il me reste au moins ça. » Il semblait soulagé et il avait l’air de se croire.

Lié à cet élan vital, Pierre avait une joie de vivre inégalée, une capacité de rêver et de voir le bel aspect des choses, ainsi qu’une candeur laissant libre cours à l’expression du beau et du merveilleux. Ainsi, voyager avec lui était la chose la plus simple au monde. Il était curieux de tout, se laissait porter par le courant, tout affairé qu’il était par la découverte, par les paysages, la différence de ce qu’il connaissait, les gens, le bon manger dans ces beaux pays qu’on avait. Il était aussi heureux dans le luxueux que dans le rustique.

Il était fait pour le bonheur et parfois, il l’inventait. Quand la Caisse populaire au coin de la rue a posé une affiche indiquant « Plus de service » parce que l’heure était à la fermeture et à la rationalisation, il est rentré très enthousiaste à la maison disant que la Caisse populaire allait offrir plus de service. C’est devenu une blague récurrente entre nous les nombreuses fois où son optimisme se manifestait. Il riait de sa propre méprise.

Il aimait aussi jouer avec les mots et on utilisait couramment ses expressions : les produits du tiroir, ésotérisque, et bien sûr, beaucoup d’entre vous se souviendront des surprises et des récompenses qui étaient chaque jour au programme, notamment sous la forme de pop-sicles.

Pierre était un être fondamentalement sociable, ce qui ressort beaucoup dans les témoignages. Il a eu le sens de l’accueil jusqu’au bout, malgré l’épreuve de la maladie. L’enfance heureuse, c’était avec la ribambelle d’enfants comme il y en avait à l’époque, le frère, les sœurs, les cousins, les cousines, les foins chez les Mercier, les étés au bord du lac, la classe de Mademoiselle Godard, les fêtes de famille, veiller mémère Marcotte comme si elle était morte lorsqu’elle faisait sa sieste. Et mémère Marcotte en riait. Cette enfance à entraîner sa sœur aînée Marie de 11 mois seulement, presque jumelle, dans bien des mauvais coups.

Puis il y a eu l’adolescence, apparemment avec beaucoup de cours « foxés », et les copains d’abord et la découverte de la chanson française et québécoise, tel Brassens :
« je suis la mauvaise herbe, braves gens, braves gens,
et je me demande pourquoi mon Dieu, ça vous dérange que je vive un peu,
et je me demande pourquoi mon Dieu ça vous dérange que je vive heureux ».
C’était une époque plus rigide qu’aujourd’hui. Il ne fallait pas sortir du rang et de son preuve aveu, il était un « toxon ». De ce passé, il n’a cependant gardé que la flamme.

Le magasinage était également un de ses grands plaisirs. Il trouvait toujours quelque chose d’improbable à acheter, comme des lunettes avec une loupe dans un coin du verre, que le commun des mortels ne sait même pas que ça existe. Et comme il adorait la technologie, l’arrivée de l’informatique et de l’internet a été une révolution dans sa vie. Ce monde infini au bout des doigts sur de magnifiques
appareils avec des fonctions incroyables. En conséquence, les infirmières qui faisaient les prises de sang se souvenaient de lui d’une fois à l’autre car il avait été le premier à se présenter avec une montre Apple. C’était un esprit jeune dans un corps usé par l’âge et par la maladie, et ça faisait sourire les jeunes et fringants vendeurs d’Apple. Ils le trouvaient pas mal branché le petit pépère. Il y a lieu de
s’inquiéter pour l’avenir d’Apple qui a perdu un gros client.

On était toujours sûrs de faire plaisir à Pierre en lui offrant un cadeau aussi petit soit-il. Donc, Pierre recevait constamment des cadeaux, car il était facile à satisfaire, tout lui plaisait et il en faisait un moment de bonheur qui rayonnait. Mais il aimait aussi faire des cadeaux, si bien qu’à tous les repas de
fête, dès son arrivée, il demandait quand on allait ouvrir les cadeaux. Il trouvait la réponse « après le dessert » bien plate car il avait tellement hâte que l’autre découvre son cadeau. Ce côté enfantin faisait en sorte que les enfants justement l’adoraient. Il communiquait incroyablement avec eux, connaissant les paroles qui les toucheraient et s’intéressant authentiquement à eux, à leur monde d’enfant. C’est ainsi qu’un jour, nous étions avec une amie et ses filles très fatiguées donc impossibles à endormir alors que c’était ce dont elles avaient le plus besoin. Pierre a proposé aux filles de jouer à faire semblant de dormir. Après quelques minutes, les filles dormaient. La mère était estomaquée.

Les personnes traversant des difficultés pouvaient trouver en lui une présence calme, rassurante, tout en gestes, peu en mots.

Finalement, Pierre aimait la nature, l’eau, les animaux, les activités de plein-air. Il était toujours partant et c’est comme ça que le premier été de notre rencontre, nous sommes allés écouter les loups la nuit de son anniversaire dans le fin fond du Parc Papineau-Labelle. C’était son cadeau, il n’y avait rien à déballer mais évidemment, le souvenir en était magnifié pour le reste de sa vie. Faire du canot, retaper une cabane, faire un feu et même un abri pour le feu si le ciel était menaçant, apprendre à connaître les champignons, observer la nature, écouter et nourrir les oiseaux, tout cela faisait le bonheur de Pierre. Dans toutes nos îles et dans nos Laurentides.

La plaque sous laquelle reposeront ses cendres comporte la gravure d’un oiseau Cardinal. Nous avions commencé à les entendre cette année en février, autour de la maison à Montréal. Ce chant si varié, si mélodieux, si distinct nous plaisait particulièrement. Il nous indiquait la présence du couple de Cardinaux, que l’on cherchait des yeux, parfois avec succès alors que d’autres fois nous devions nous
contenter de leur mélodie. Prenons quelques minutes pour une pensée, une prière pour cet être qui a été un vent de fraîcheur dans nos vies, pleurons-le tendrement mais réjouissons-nous surtout d’avoir cette âme pure incrustée dans nos cœurs. Et à l’avenir, nous aurons tous une pensée émue pour Pierre lorsque le cardinal s’époumonera, nous rappelant la tristesse de sa perte et la chance de l’avoir connu.

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